Au ciné...
Le premier cri ou le murmure de la vie. Ce documentaire comme un conte résonne dans mon cœur en mille et une douceurs. Dans ces accouchements, mon regard s’arrête moins sur ces petits êtres rouges et hurlant que j’ai du mal à appréhender. Mon œil admire ces femmes. Leur force dans leur sérénité. Elles savent. Elles ont ce savoir dans le sang. Elles ont ce savoir animal. Leur corps fait sens. Leurs courbes incongrues dessinent les couleurs du temps.
Chacune a sa manière : sur le sable chaud du désert, dans la bulle ouatée d’une maternité, au milieu du froid sibérien, engloutie dans un hôpital sans fin, en communion avec les dauphins, perdue dans les labyrinthes de couleurs…Toutes sont uniques. Chacune a ses rites, ses croyances, ses désirs. Toutes se ressemblent. Aux quatre coins du monde, elle donne leur corps, leur espoir, leur amour pour offrir la vie.
Je suis frappée par ce silence. Les larmes qui contournent leur joue, leur souffrance muette, comme si ce déchirement allait de soi. La délivrance puis les mots en langue adamique qui nous susurrent l’amour. Derrière, ces hommes, ces pères, si proches, si présents mais si loin de savoir la transcendance des corps, le mélange des chairs.
Mon regard change sous ces images, moi qui n’utilise généralement que le champ lexical du dégout et de la douleur pour parler de l’accouchement, suis forcée de constater que les mots qui ont tenu lieu de fil rouge pour ce documentaire, parfaitement réalisé, restent : beauté et amour. Deux mots dérisoirement simples qui renferment pourtant toute la complexité de la vie.